Article de Christophe Meynard paru dans l’hebdomadaire Haute-Gironde du vendredi 17 juillet 2020.
Après la démission de Thierry Bodin, un nouvel élu est rentré au conseil municipal le 11 juillet : Jean-Michel Gadrat. Ce qui n’est pas du goût d’une majorité d’élus...
La 3e réunion du conseil municipal de la nouvelle mandature s’est tenue le 11 juillet au gymnase Titou Vallaeys. La veille, un conseil municipal express permettait de désigner les grands électeurs pour les élections sénatoriales de septembre. Mais samedi, la réunion qui a duré près de trois heures a commencé fort par une intervention visiblement bien préparée du maire Denis Baldès à l’encontre du nouvel élu du groupe d’opposition Bouge ton Blaye : Jean-Michel Gadrat, ancien cadre de chez Veolia Transport, ancien animateur de la Haute-Gironde du mouvement politique « La République en Marche ! » durant les campagnes présidentielles et législatives de 2017 et ancien adjoint au maire PS d’Angoulême auprès de Jean-Michel Boucheron à la fin des années 1980. Il prend la place de Thierry Bodin, élu dans l’opposition depuis 2014 qui a démissionné le 6 juillet et de Virginie Marot (en 3e position sur la liste Bouge ton Blaye) qui ne souhaitait pas sièger.
Extraits de trente minutes d’échanges musclés
Denis Baldès : « Monsieur Gadrat de Gauriac (ndlr, le maire l’a appelé ainsi tout au long de la réunion), un élu doit vivre dans sa commune ou y avoir une activité professionnelle (…). Nous savons tous que vous habitez et vivez à Gauriac où votre femme est première adjointe. Vous n’avez aucune légitimité morale et en plus, vous avez menti aux électeurs en disant que vous habitez Blaye. Lorsque l’on vous a amené l’ordre du jour de cette réunion, on n’a pas trouvé votre boîte aux lettres. Vous louez une chambre d’hôtes. Vous êtes inscrit récemment sur les listes électorales. Vous faites partie du vieux monde, celui qui est prêt à tout. Vous avez trompé les électeurs. Votre démarche n’est pas sincère, Monsieur Gadrat de Gauriac. Je comprends qu’avec ces combines, les électeurs ne se déplacent plus pour aller voter. Je reconnais la légitimité de tous les membres de l’opposition siégeant ici, mais pas vous. Vous êtes un militant de LREM qui essaye de s’implanter. »
Jean-Michel Gadrat : « Je ne reconnais pas le droit de porter des jugements moraux sur moi. Je vous demande de me respecter. Je suis là parce que je fais partie d’une liste et que je suis engagé dans la politique car j’aime Blaye. Je trouve que la ville ne vit pas démocratiquement. Je ne démissionnerai pas et je serai un contributeur positif avec mon expérience que je peux apporter au conseil. »
Après ce premier échange, plutôt tendu, plusieurs élus ont pris la parole. Le premier, Thierry Durant (majorité) a « trouvé inadmissible » que Jean-Michel Gadrat siège et il lui a demandé où il habite exactement. Ce à quoi Jean-Michel Gadrat a confessé : « Je reconnais que j’habite Gauriac ». Ketty Bayle (majorité) a souligné que « la charte de l’élu n’est pas respectée et que le minimum que l’on puisse faire, c’est habiter dans sa ville », quand Michel Renaud (opposition groupe Blaye 2020) a évoqué sa surprise d’apprendre la démission de Thierry Bodin sans explication, tout en interrogeant Jean-Michel Gadrat sur « son intérêt soudain à se présenter à Blaye ». Patricia Merchadou (adjointe) a rappelé que « les citoyens ont horreur des parachutages, de l’insincérité et que cela fait le lit de l’abstention. un tel comportement dessert la vie politique ». Denis Baldès a rappelé le respect dû à tout élu, mais aussi la franchise de dire les choses. « Je reste courtois », a-t-il appuyé. « Vous faites une erreur que l’on ne laissera pas passer. Vous êtes un transporté de la politique. Vous avez menti. »
Virginie Zana (élue d’opposition aux côtés de Jean-Michel Gadrat pour Bouge ton Blaye-BtB) a affirmé que son collègue est là pour « apporter son expérience et pas pour mettre le bazar ». Elle a dénoncé le « procès aggressif » du maire, tandis que Yoann Brossard (adjoint) lui a répondu que BtB avait attaqué personnellement le maire durant la campagne électorale.
« Bien habillé pour l’hiver », comme il l’a dit lui-même, Jean-Michel Gadrat a rappelé que la campagne électorale était terminée avant que Paulo Cardoso (majorité) ne demande un vote de confiance (ndlr, sans valeur juridique) qui a vu la majorité soutenir, à main levée, les propos tenus. « Vous avez déclaré dans la presse (ndlr, « Haute-Gironde » du 18 octobre 2019) posséder une résidence à Blaye. Vous avez menti », a conclu Denis Baldès avant que Chantal Baudère (majorité) s’exprime franchement : « Je suis écoeurée ». Ce fut le mot de la fin de cette salve d’échanges.
Indemnités et Citadelle
Les indemnités des élus ont été votées. « on a droit à deux majorations de 15% : une en tant que chef-lieu d’arrondissement, une autre en tant que chef-lieu de canton. On ne prendra pas la seconde », a annoncé Denis Baldès, avant le vote des taux et l’annonce des indemnités : 2459,17 € brut pour le maire, 983,67 € brut pour les adjoints et 130 € brut pour les conseillers délégués. Pour le remboursement des frais de mission des élus, Denis Baldès demande qu’ils ne dépassent pas un certain rayon d’action, et souligne qu’il ne se fait pas rembourser les frais de route lorsqu’il se rend à Bordeaux.
Autre dossier important : la restauration de la tour du château des Rudel. Elle a besoin de travaux de maçonnerie et de dévégétalisation pour un montant total de 68 100 € HT. Pour la dévégétalisation des remparts de la Citadelle, les travaux se poursuivent cet été du côté de l’estuaire (27 267 € HT). L’eau pluviale est une source importante de dégradation de la pierre. Le problème réside dans l’écoulement entre le rempart et la falaise. « Ces travaux non visibles sont essentiels », a souligné Jean-Marc Seraffon, adjoint en charge du patrimoine. Une demande de subvention a été déposée pour un montant subventionnable de 787 285 €.